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12.02.2021 / AGRICULTURE , PêCHE ET ENVIRONNEMENT RAPPORT ANNUEL 32EME

Gestion des eaux d’irrigation

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Gestion des eaux d’irrigation

 

-                  Création des ouvrages hydrauliques et l’exploitation des ressources

L’exploitation des ressources en eau des nappes souterraines a atteint 108% de la capacité totale . Ce pourcentage est passé à 126% en tenant compte des quantités d’eaux consommées à travers les puits illicites dont le nombre évolue en moyenne de 14,7% par an pour dépasser les 24.000 puits selon les estimations des commissariats régionaux de développement agricole.

Il s’est avéré aussi, que le nombre des points de contrôle n’a pas dépassé 146 points pour surveiller plus que 12.000 puits ainsi que 74% des équipements de surveillance et de mesure sont endommagés à cause de l'insuffisance des travaux de maintenance ce qui a empêché le suivi de 18 nappes surexploitées de plus que 170%.

                Par ailleurs, il a été constaté la non exploitation de 192 forages créés durant la période 2013- octobre 2019 avec un coût dépassant 45 millions de dinars faute d’équiper 63% de ces forages avec les équipements nécessaires, la non-conformité de la qualité des eaux aux normes en vigueur ainsi que la faiblesse des débits de certains puits.

En outre, aucun plan d'action n'a été élaboré pour anticiper l'évolution de la demande en eau d'irrigation en plus de l'absence d'une programmation assurant la mise en œuvre rigoureuse des différentes composantes des projets, ce qui a engendré un déséquilibre entre les quantités consommées, qui ont augmenté selon les estimations de la Cour des comptes de 1%  annuellement pendant la période 2013- octobre 2019 soit l’équivalent à 2,4 millions de m3, et la capacité des ouvrages hydrauliques qui sont incapables de mobiliser des quantités d’eaux de surface supplémentaires durant les saisons pluvieuses. Cette situation a entraîné une pression accrue sur l’exploitation des ressources souterraines.

Il a été, également, constaté l’absence de données fiables concernant la capacité de stockage de l’ensemble des ouvrages hydrauliques créés vu la non actualisation de leurs capacités suite à l’accumulation des vases et l’omission de tenir compte de la capacité des lacs et barrages collinaires en plus de celle des grands barrages.

La Cour a estimé la capacité réelle de mobilisation des eaux de surface par les différents ouvrages à environ 2,469 milliards m3 soit l’équivalent de 91,6% des ressources mobilisables contre un taux de 93% figurant dans les rapports annuels de performance. 

De ce fait, la Cour recommande le renforcement du suivi des niveaux d’exploitation des nappes souterraines à travers la multiplication des points de contrôle, l’instauration des programmes de suivi périodiques sur terrain et la prise des mesures nécessaires pour limiter l'épuisement des ressources en eau souterraine. La Cour recommande également l’achèvement des travaux de construction des différents ouvrages hydrauliques et les adductions y afférents afin de renforcer la mobilisation des eaux de surface et assurer l’équilibre des stocks des barrages à travers les opérations de transfert.

-                  Gestion des périmètres irrigués

                Au cours de la période 2013-octobre 2019, il a été constaté, dans certains cas, le non-respect de la programmation initiale des projets de création et d’extension des périmètres irrigués prévues aux plans de développement. En effet, des créations ou des extensions de périmètres irrigués sur une superficie d’environ 14.000 hectares pour un coût de155 millions de dinars ont été décidés abstraction faite de la disponibilité des ressources en eau suffisantes, et ce pour répondre à des revendications sociales. 

                Par ailleurs, 61% des équipements installés dans des périmètres irrigués d’une superficie de 156.160 hectares remontent à plus de 25 ans et sont devenus obsolètes. De plus, les équipements installés dans 612 périmètres d’une superficie de 155.867 hectares sont totalement amortis et soufrent des pannes récurrentes.  

                En outre, le programme d’économie des eaux d’irrigation qui a démarré en 1995, atteste que 93% des surfaces irriguées ont été équipées par les équipements nécessaires jusqu’à octobre 2019. Toutefois, ce taux ne reflète pas le pourcentage des surfaces réellement équipées vu l’absence d’une enquête exhaustive pour les inventorier.

                D’autres part, il a été constaté l’augmentation des pertes en eaux au niveau des réseaux d’irrigation estimée par la Cour des comptes à environ 3.655 millions m3 pendant la période 2013-octobre 2019 soit l’équivalent de 43% des quantités totales d’eau distribuées. En outre, il s’est avéré que l'entretien et la protection de ces réseaux et des différentes installations n'ont pas été effectués d’une façon efficiente et efficace, en plus de la non facturation de quantités d’eau dont la valeur a été estimée par la Cour des comptes à près de 4,455 millions de dinars.

                Par ailleurs, l’agence foncière agricole n’a pas programmé jusqu’à la fin du mois d’octobre 2019 des opérations pour assurer le suivi de la mise en valeur des périmètres publics irrigués en coordination avec les commissariats régionaux de développement agricole contrairement à sa loi de création. Dans le même cadre, 83% des commissariats régionaux de développement agricole n’ont pas mis en place des programmes annuels de suivi de l'exploitation des périmètres irrigués en plus de l'absence de critères précis et documentés permettant de prioriser les opérations de suivi.

                Ainsi, la Cour des comptes recommande de veiller au respect de la programmation des projets des périmètres irrigués et l’accélération de la cadence d'exécution des nouvelles créations. En outre, elle appelle à minimiser les pertes d’eaux en allouant les ressources financières nécessaires pour les travaux de maintenance des équipements hydrauliques. Elle préconise, également, le suivi périodique de l'exploitation des périmètres irrigués.   

-                  Gestion des systèmes hydrauliques  

                Au cours de la période 2016-novembre 2019, plus que la moitié des 1234 groupements de développement agricole ne sont pas parvenus à maitriser la gestion des systèmes hydrauliques et à honorer leurs engagements envers les commissariats régionaux de développement agricole. De plus, il a été constaté que les dettes des groupements de développement agricole envers les commissariats régionaux de développement agricole se sont aggravées pour atteindre 61,7 millions dinars à la fin du mois de novembre 2019, ce qui a affecté leurs équilibres financiers.

                De ce fait, et afin de garantir une exploitation optimale des systèmes hydrauliques, les groupements de développement agricole sont appelés à respecter les conditions nécessaires d’exploitation et à renforcer leurs performances. Ils sont appelés, également, à honorer leurs engagements financiers afin de limiter leurs taux d’endettement.  

 
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